
15 Juin Corrélation entre alphabétisation et pauvreté : l’éducation peut-elle aider à mettre un terme à la pauvreté?
Il existe indéniablement un lien direct entre la pauvreté et l’alphabétisation. Selon ce rapport de 2022, environ un enfant d’âge scolaire sur cinq dans le monde (environ 262 millions d’enfants) ne va pas à l’école. Les enfants des ménages les plus pauvres sont presque cinq fois plus susceptibles de ne pas fréquenter l’école que ceux des familles à revenu plus élevé.
Bien que les statistiques soient limitées au Canada, nous savons que près de la moitié des Canadiens adultes ont du mal à lire et à écrire. Parmi les personnes ayant les compétences les plus faibles, 29 % proviennent de ménages à faible revenu. En comparaison, le revenu moyen des ménages ayant les compétences en lecture et en écriture les plus élevées était de 70 % supérieur à celui de ceux à l’autre bout de l’échelle.
La pauvreté est étroitement liée à des possibilités scolaires limitées et à une capacité réduite à développer des compétences pour l’apprentissage tout au long de la vie. Il en naît des obstacles à l’emploi et potentiel de rémunération plus tard dans la vie.
Les personnes peu alphabétisées sont plus susceptibles d’abandonner l’école et de lutter pour trouver et conserver un emploi, ce qui conduit à l’insécurité économique et à la pauvreté. Les emplois offerts aux personnes qui ont un faible niveau d’alphabétisation ont souvent tendance à être peu rémunérés, et ces travailleurs sont également susceptibles de rester au chômage plus longtemps. Selon le Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) de 2012, environ 37 % des adultes canadiens faiblement alphabétisés sont au chômage, contre 11 % de ceux affichant un niveau d’alphabétisation plus élevé.
L’essentiel à retenir? Pour avoir les meilleures chances de réussite, les stratégies de réduction de la pauvreté doivent inclure des programmes d’alphabétisation.
Obstacles à l’accès aux programmes d’alphabétisation
Tout le monde devrait pouvoir recevoir une éducation : c’est un droit de la personne fondamental.
Le Canada offre de nombreux programmes d’alphabétisation gratuits, mais bon nombre de personnes ont de la difficulté à y accéder. Qu’il s’agisse de faire des recherches sur les programmes d’alphabétisation gratuits, d’organiser des transports et des services de garde pour assister à des cours, s’inscrire à des programmes d’alphabétisation ou y assister peut être un défi.
Et si une personne parvient à s’inscrire à un programme d’alphabétisation, il se peut qu’elle ne soit pas dans un état d’esprit propice à l’apprentissage. La pauvreté peut nuire à la santé physique et mentale des gens, affectant directement leur capacité d’apprentissage et leur motivation. Les participants qui ont faim ou qui sont malades ou fatigués ne peuvent pas retenir les informations de manière efficace, ce qui réduit considérablement leurs chances de réussite. Cette situation peut dès lors avoir une incidence sur la probabilité qu’ils terminent leur programme d’alphabétisation.
Les apprenants qui réussissent bien sur le plan académique sont plus susceptibles de demeurer concentrés et motivés à poursuivre leurs apprentissages, à trouver un emploi et à le conserver. Ce rapport national de recherche a recensé d’autres obstacles qui empêchent les apprenants d’accéder aux programmes d’alphabétisation et de les mener à bien, entre autres :
- Expériences antérieures négatives par rapport à l’apprentissage
- Dépendance aux drogues ou à l’alcool
- Problèmes de santé
- Manque de soutien de la part de la famille
- Modalités de travail
- Traumatisme ou expérience de violence
- Peur de la stigmatisation ou pression sociale
- Insécurité alimentaire
- Pas d’accès à un logement stable
- Barrière linguistique
De manière générale, lorsqu’une personne ne dispose pas des ressources financières nécessaires pour couvrir ses besoins de base, elle consacre son énergie et son attention à ses besoins immédiats et non à ses besoins à long terme, pour lesquels les programmes d’alphabétisation peuvent être d’un grand secours.
Le manque d’accès à l’éducation est un indicateur majeur que la prochaine génération connaîtra elle aussi la pauvreté. Les enfants de parents peu alphabétisés sont plus susceptibles de faire l’expérience de la pauvreté et d’obtenir de faibles résultats scolaires, ce qui perpétue le cycle sur plusieurs générations. En fait, une année d’éducation parentale a une incidence positive beaucoup plus importante sur la fréquentation d’une institution postsecondaire par l’enfant que 50 000 $ de plus en revenu parental.
Les enfants dont les parents ont un faible niveau en écriture et en lecture sont exposés à 30 millions de mots en moins que les autres enfants. Ils font leur entrée en maternelle avec un écart de compétences plus considérable que leurs camarades. Cela peut entraîner des déficits à long terme au niveau des apprentissages. Les élèves qui ne maîtrisent pas la lecture en troisième année sont quatre fois plus susceptibles d’abandonner leurs études secondaires que ceux qui la maîtrisent, ce qui accroît leur risque de faire l’expérience de la pauvreté et de l’exclusion sociale.
Répercussions sur les collectivités marginalisées
Les conséquences d’un faible taux d’alphabétisation sont particulièrement graves pour les collectivités marginalisées, comme les peuples autochtones, les nouveaux arrivants au Canada et les personnes handicapées. Les peuples autochtones du Canada ont un taux d’alphabétisation inférieur à celui de la population générale. Cela a des répercussions importantes sur leur bien-être économique et social, les peuples autochtones étant touchés de façon disproportionnée par la pauvreté et l’exclusion sociale.
Les nouveaux arrivants au Canada se heurtent également à d’importants obstacles pour ce qui est de l’accès aux programmes et aux services d’alphabétisation, particulièrement dans le cas des réfugiés ou des demandeurs d’asile. Des compétences linguistiques limitées et des barrières culturelles peuvent rendre difficile l’accès à l’éducation et à l’emploi, prolongeant ainsi le cycle de la pauvreté.
Les personnes handicapées rencontrent elles aussi des difficultés considérables pour accéder aux programmes et services d’alphabétisation, en particulier celles qui souffrent de troubles cognitifs comme la dyslexie. Elles peuvent avoir besoin d’un soutien spécialisé et d’adaptations pour améliorer leurs capacités de lecture et d’écriture. Malheureusement, ces ressources ne sont pas toujours offertes, ce qui crée des obstacles supplémentaires à l’éducation et à l’emploi.
Dans l’ensemble, les faibles capacités de lecture et d’écriture mènent souvent à l’exclusion sociale et à un accès limité aux services essentiels comme les soins de santé et les services financiers. Les personnes ayant un faible niveau d’alphabétisation peuvent avoir de la difficulté à remplir des formulaires et à suivre des procédures complexes, ce qui complique l’accès aux programmes et aux services gouvernementaux. Elles peuvent également avoir de la difficulté à gérer leurs finances et à accéder aux services d’institutions financières, ce qui entraîne un cycle d’endettement et d’instabilité financière.
Avantages d’un niveau élevé d’alphabétisation
Un faible niveau d’alphabétisation est coûteux dans le monde entier. Selon la World Literacy Foundation, le manque de compétences en lecture et en compréhension de l’information prive l’économie mondiale de 1,5 billion de dollars chaque année. De plus, lorsque le taux d’alphabétisation double, le revenu par habitant en fait autant. Plus d’éducation, de connaissances et de compétences peuvent accroître les possibilités d’emploi et la productivité. Les personnes sont plus susceptibles d’occuper un emploi et de le conserver plus longtemps.
De solides compétences en lecture et en écriture peuvent influer positivement sur presque toutes les sphères de la vie d’un adulte. En effet, ceux qui sont davantage alphabétisés sont plus susceptibles d’adopter des mesures de santé préventives, telles que la vaccination, ce qui se traduit par de meilleures perspectives en matière de santé. L’alphabétisation favorise également l’apprentissage permanent et crée davantage de possibilités universitaires nous permettant de nous adapter à notre monde en constante évolution.
De solides compétences en lecture et en écriture sont bien plus utiles que la stabilité financière. Elles peuvent mener à une meilleure inclusion et fournir aux personnes les compétences nécessaires pour faire face aux défis de la vie quotidienne, renforcer l’assurance et accroître la résilience.
Outre les avantages individuels, la promotion de l’alphabétisation a des répercussions positives sur l’ensemble de la population. Elle contribue à augmenter le revenu global et à l’avancement de la main-d’œuvre d’un pays, ce qui crée des collectivités plus stables et un avenir plus positif pour la prochaine génération.
L’éducation comme moyen de mettre fin à la pauvreté
Une étude de l’UNESCO a révélé que si chaque adulte passait deux années supplémentaires ou plus aux études ou terminait ses études secondaires, 60 millions de personnes ne vivraient plus dans la pauvreté. De surcroît, si tous les élèves atteignaient un niveau de lecture de base, 171 millions de personnes pourraient échapper à la pauvreté.
Dans le cas des 63 % d’adultes ayant un faible niveau d’alphabétisation qui sont des femmes, chaque année d’études supplémentaires peut augmenter leur revenu jusqu’à 20 %. Le niveau de compétences en lecture d’une mère est le facteur ayant la plus grande incidence sur la réussite scolaire future de ses enfants, surpassant les autres facteurs, comme le quartier et le revenu familial.
Si tout le monde recevait la même éducation, il y aurait moins d’inégalités et la pauvreté diminuerait de 39 %.
Mesures pour accroître les chances de succès
Ce sont la structure et la méthode d’enseignement d’un programme d’alphabétisation qui permettent aux apprenants d’acquérir les compétences dont ils ont besoin. Lorsque ces deux éléments sont mis en place de façon efficace, les chances de succès du programme sont plus élevées.
Les programmes communautaires d’alphabétisation qui servent de point d’accès unique à d’autres services au sein de la communauté, par exemple un programme d’alphabétisation qui offre également des services d’emploi ou de conseil, sont particulièrement bénéfiques pour les apprenants.
Il en va de même pour les programmes d’alphabétisation qui aident les apprenants à créer des réseaux au sein de leur quartier, à répondre aux besoins généraux de leur communauté et à favoriser un environnement d’apprentissage positif. La recherche montre que le fait de fournir une formation adéquate aux formateurs et aux bénévoles, de maintenir des classes de petite taille et d’impliquer les apprenants dans la planification peut également contribuer de manière positive au taux de réussite du programme.
Principales leçons à retenir
De solides compétences en lecture et en écriture sont un gage d’amélioration de la qualité de vie. Les personnes qui possèdent ces avantages sont moins susceptibles de vivre dans la pauvreté. Cela est également vrai pour leur descendance. Elles sont plus susceptibles de profiter d’un meilleur accès à des possibilités d’emploi, ce qui leur permet d’accroître leur potentiel de revenu. Elles sont également à même de participer à la démocratie locale, et plus susceptibles de voter.
Parallèlement, l’amélioration du niveau d’alphabétisation s’accompagne également d’une amélioration de l’estime de soi. Les personnes sont mieux outillées pour s’exprimer, ce qui peut conduire à une plus grande confiance en soi et à la possibilité de vivre une vie heureuse et saine.
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