Un centre pour femmes aide les personnes âgées vulnérables à devenir des expertes en technologie

Depuis plus de 30 ans, le North York Women’s Centre (NYWC), situé à Toronto, se consacre à munir les femmes des outils nécessaires pour se prendre en main. Les services offerts vont de la préparation à l’emploi à la prévention de la violence, mais récemment, la directrice administrative du centre était impatiente d’explorer le thème de la littératie numérique.

Elle savait qu’elle souhaitait offrir un programme portant sur la littératie numérique, mais elle ne savait pas comment s’y prendre pour l’enseigner, c’est pourquoi elle a eu recours à Google. C’est là qu’elle est tombée sur Ados enseignant aux adultes, un programme gratuit de littératie numérique dirigé par ABC Alpha pour la vie Canada qui fournit des plans de cours gratuits portant sur des applications et des outils tels que FaceTime, Gmail et WhatsApp.

Grâce au financement que le NYWC avait reçu du gouvernement fédéral, de Centraide et d’une fondation privée plus tôt cette année, Iris Fabbro, directrice administrative, a lancé un programme novateur de littératie numérique destiné aux femmes âgées à risque.

Le plan initial consistait à accueillir les femmes en personne à leur centre et à leur apprendre à utiliser des tablettes. Malheureusement, lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé, le centre a été obligé d’adapter son modèle de prestation à l’instar de nombreuses autres organisations.

« Nous avons finalement dressé une liste des femmes les plus à risque, en particulier les femmes plus âgées qui sont isolées, qui vivent seules et qui sont confinées à la maison en raison de problèmes médicaux, et nous nous sommes rendus chez elles », explique Iris. « Équipés d’EPI, nos employés ont rendu visite à chacune des femmes séparément, leur ont donné une tablette et une connexion Internet gratuite, et leur ont appris à s’en servir. »

Le programme a beaucoup gagné en popularité, et bon nombre des participantes ont même commencé à correspondre par courriel ou à nouer des liens en utilisant Zoom.

« Il peut falloir deux, trois visites, et souvent plus, avant que les femmes soient à l’aise avec la tablette, mais maintenant, la plupart d’entre elles n’ont aucun problème pour envoyer des courriels, communiquer avec leur famille par vidéoconférence, faire des recherches en ligne, assister en ligne à des sermons en direct de leur lieu de culte et même écouter de la musique. »

Maintenant que les aînées sont en mesure d’utiliser l’appareil, Iris explique qu’elle souhaite se concentrer davantage sur la façon de leur montrer exactement à quoi elles peuvent servir.

« Elles sont tellement heureuses lorsqu’elles se rendent compte de ce qu’elles peuvent faire en ligne, comme demander un logement ou communiquer avec leur médecin. Elles n’avaient aucune idée du monde qui leur était offert. Bon nombre d’entre elles n’avaient même pas d’adresse de courriel auparavant, et c’est donc l’une des premières choses que nous avons instaurées. »

Iris explique qu’une fois que les femmes savent comment utiliser la tablette, si elles souhaitent en savoir plus, le NYWC peut se connecter avec elles à distance et partager des écrans pour leur montrer comment faire les choses. Cela permet de ne pas passer trop de temps face à face. Le centre a également créé un guide de référence à partir des plans de cours du programme Ados enseignant aux adultes, afin que les femmes puissent s’y reporter au cas où elles oublieraient comment faire quelque chose.

La directrice explique que le NYWC a modifié certains plans de cours du programme afin qu’ils soient adaptés aux tablettes (à l’heure actuelle, les plans de leçon sont axés sur les ordinateurs, et les téléphones iPhone et Android) avant de les imprimer et de les ranger dans un classeur. Lorsque les employés visitent les femmes pour configurer la tablette, ils laissent le classeur derrière eux pour que les participantes puissent le consulter.

Les personnes âgées plus vulnérables à l’isolement

Parce qu’elles sont plus vulnérables face à la COVID-19, les personnes plus âgées pratiqueront probablement la distanciation physique pendant une plus longue période que la population générale. Malheureusement, cet isolement peut avoir d’importantes répercussions.

Une étude récente a révélé que l’isolement social expose les personnes plus âgées à un risque accru de dépression et d’anxiété, et qu’il peut même entraîner des problèmes de santé, tels qu’un déclin cognitif et des maladies cardiaques. Les personnes ayant des liens sociaux forts sont deux fois moins susceptibles de souffrir des effets négatifs de l’isolement que celles qui ont peu de contacts sociaux. Il est vrai que la technologie offre un moyen efficace pour relier les personnes âgées isolées à leurs amis et à leur famille, mais l’accès à la technologie demeure problématique.

Iris croit qu’Internet n’est pas moins nécessaire que l’électricité ou l’eau étant donné son utilisation répandue (et encore plus maintenant avec la pandémie). Malheureusement, Internet peut coûter cher. Selon elle, l’organisation est en mesure de fournir des données aux femmes, mais le coût s’élève à plus de 50 $ par mois par utilisatrice. Une fois le financement terminé, elle craint que bon nombre de ces aînées vulnérables n’aient pas les moyens de payer.

« Nous expliquons que les bibliothèques offrent le Wi-Fi gratuit, mais un grand nombre de ces femmes ne peuvent pas quitter leur maison, car elles sont en phase terminale et à risque. La fermeture des bibliothèques plus tôt dans l’année en raison de la COVID-19 n’a pas aidé non plus, ce qui complique la gratuité de l’accès à Internet. »

Selon Statistique Canada, en 2016, 68,2 % des personnes âgées avaient accès à Internet, comparativement à seulement 32,2 % en 2007.

Pour accéder aux plans de cours gratuits, consultez adosenseignantauxadultes.ca/ressources. Le programme Ados enseignant aux adultes est le fruit des efforts conjugués d’ABC Alpha pour la vie Canada et de Youth Empowering Parents, et est en partie financé par le gouvernement du Canada par l’intermédiaire du Programme d’échange en matière de littératie numérique.