Un atelier de littératie financière destiné aux jeunes autochtones adopte une approche axée sur la vraie vie

Tout le monde sait que les membres des générations Y et Z font face à des difficultés financières beaucoup plus importantes que celles que leurs parents ont affrontées au même âge. Des salaires plus bas au coût de la vie élevé en passant par les niveaux record des prix des logements, les jeunes d’aujourd’hui doivent surmonter de nombreux obstacles uniques.

Le prix moyen d’une maison individuelle au Canada s’approche de 750 000 $, et une mise de fonds de 50 000 $ en plus d’un revenu familial d’environ 120 000 $ sont nécessaires pour envisager de faire un tel achat. Les habitants de Toronto ou de Vancouver doivent gagner plus de 220 000 $ par année pour acheter une maison dans leur ville. Le revenu médian des ménages s’élevant à seulement 82 436 $ par année, nombreux sont ceux pour qui l’accession à la propriété est tout simplement hors de portée.

Pourtant, les jeunes se font répéter la même rengaine encore et encore : ils n’auraient qu’à « travailler plus dur » ou à « réduire les sorties de fin de semaine » pour se permettre une maison. Et pour être franc, ils commencent à être bien tannés de ces conseils obsolètes, qui ne sont plus du tout réalistes dans le contexte de l’économie d’aujourd’hui.

C’est là que Question d’argent, un programme gratuit d’introduction aux connaissances financières destiné aux apprenants adultes, offert par ABC Alpha pour la vie Canada, entre en jeu. Dans le cadre de l’initiative Le Savoir en action, ABC a récemment travaillé de concert avec la Qalipu Cultural Foundation à Terre-Neuve-et-Labrador dans le but d’organiser deux ateliers du programme Question d’argent pour les Autochtones, une série d’ateliers adaptés à la communauté autochtone.

Fondée en 2014, la Qalipu Cultural Foundation a pour but de préserver et de promouvoir la culture et l’héritage Mi’kmaq à Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi que d’aider cette Première Nation à redécouvrir les pratiques et les traditions culturelles effacées par le colonialisme.

L’organisme offre une variété de programmes, y compris Indigenous Leaders of Tomorrow, qui réunit des jeunes de moins de 30 ans dans le cadre d’une gamme de formations, d’ateliers et de présentations sur une période de six mois pour les préparer à devenir les leaders de demain d’un point de vue culturel.

Logan St. Croix, animateur d’ateliers ABC à Terre-Neuve-et-Labrador, a abordé le programme Question d’argent pour les Autochtones en adoptant une approche unique adaptée aux jeunes. M. St. Croix explique que dans l’un des ateliers, il a parlé de « réduire » les dépenses au lieu de les « éliminer », une formulation très appréciée par les participants.

« Les jeunes ne veulent pas se faire dire à nouveau qu’il suffit de se serrer la ceinture. Ce n’est pas toujours possible, et cette approche ne convient pas à tous, affirme-t-il. Les gens doivent pouvoir suivre les conseils qui leur conviennent et ignorer ceux qui ne leur conviennent pas. Nous avons donc mis l’accent sur la façon de gérer notre argent de manière à épargner pour l’avenir sans pour autant nous faire des reproches lorsque nous dépensons dans le présent. »

Cette approche a été bien accueillie par les apprenants. « J’ai bien aimé aborder l’idée d’améliorer la santé financière en apportant des changements et en réduisant les dépenses, sans pour autant avoir à arrêter complètement de faire ce que nous aimons, affirme un participant.

Dans mon expérience, de nombreux ateliers de littératie financière recommandent souvent d’économiser en coupant tout ce qui n’est pas essentiel, mais une telle approche ‘tout ou rien’ ne fonctionne que rarement. »

St. Croix explique que le manuel utilisé dans le cadre de l’atelier décrivait également la relation entre les valeurs et les besoins et les désirs.

« On a mentionné que si vous avez un peu d’argent à dépenser dans votre budget, et si vous pouvez améliorer votre bien-être mental en vous régalant avec un latte à 8 $ à la fin d’une longue journée, il n’y a rien de mal à cela, tant que vous vous laissez assez d’argent pour payer vos factures et votre loyer. »

Selon M. St. Croix, il est important pour les jeunes de pouvoir trouver un équilibre entre épargner pour l’avenir et vivre dans le présent, et de renoncer à l’idée qu’il faut travailler 45 heures par semaine et survivre sur les nouilles instantanées juste pour s’offrir une maison dans 20 ans. Il est important de se concentrer sur ce que l’on peut gérer dans le présent.

Le groupe a également abordé le fait qu’il ne faut pas se comparer aux autres, car les salaires, les circonstances, les responsabilités diffèrent d’une personne à l’autre, et tout le monde en est à des étapes différentes de la vie. Une personne âgée de 20 ans ne pourrait se comparer à une personne âgée de 40 ans, qui, quant à elle, ne saurait se comparer à une personne de 40 ans d’il y a 20 ans.

« Vous devez simplement faire ce qui vous convient d’une manière pratique et faisable », suggère M. St. Croix.

« La discussion sur l’idée de ne pas se blâmer pour les questions de gestion de l’argent, ainsi que la reconnaissance par l’animateur du fait que tout le monde a des montants différents à gérer et que les mêmes conseils ne fonctionneront pas nécessairement pour tous, étaient comme une bouffée d’air frais, convient un participant.

C’est un aspect souvent négligé dans des séances semblables. La principale leçon que je retiendrai de l’atelier est de faire correspondre mes dépenses aux valeurs et de dépenser de manière raisonnée. »

Selon M. St. Croix, le message clé des ateliers portait sur le côté « raisonnable » et le côté « pratique ». L’objectif principal était d’enseigner aux gens comment atteindre leurs buts d’une manière raisonnable, sans se priver de joie pendant des années afin de les atteindre.

« En mettant sur pied un budget réaliste, vous avez plus de chances de le respecter. »

Pour en savoir plus sur le programme Question d’argent, y compris Question d’argent pour les Autochtones, visitez questiondargent.ca.